8 juillet 2007
le chat châtié...fable féline
Une fable de Lydie Nédélec où l'on apprend que le vagabondage n'est pas sans risque. Le proverbe en vieux français du XIIIe "chat eschaudez iaue creint" (chat échaudé craint l'eau froide encore au vingt-et-unième siècle) prouve bien que "ce qui ne tue pas nous renforce" alors appelons un chat un chat et surtout mesdames surveillez votre chatte
Une petite chatte, un jour, en eut assez
De ne jamais sortir, et de vivre enfermée.
Certes, l’appartement avait mille recoins,
Mais la rue lui semblait n’en posséder pas moins.
Par la porte entre ouverte elle se faufila,
Traversa le jardin de ses tous petits pas,
Timide et méfiante, elle courrut enfin
Vers un grand terrain vague, pour vivre son destin.
Un gros matou noiraud l’accosta sans attendre
“-Holà, jolie mignonne aux prunelles si tendres,
Que faites-vous ici ? Etes-vous égarée,
Ou cherchez-vous l’amour au détour des fourrés ?
-Nenni, mon bon messieurs. Je m’en vais découvrir
Ce que nouvelle liberté saurait m’offrir,
Car je mourais d’ennui entre mes quatre murs
Et rêvais de voyages et de grandes aventures.”
Le minou souriant, se lissa les moustaches,
Lui dit qu’en premier lieu, il fallait qu’elle se cache,
Car si grande beauté n’était pas coutumière,
Que d’autres vilains chats n’avaient ses manières.
La belle, effarouchée, le suivit en confiance,
Remerciant le ciel d’avoir eu de la chance,
Et découvrit ainsi l’antre du grand chat noir
Qu’il avait établi au fond du dépotoir.
Elle s’y sentit mal, tant l’odeur était forte,
Et pria doucement qu’ouverte soit la porte.
Le chat se mit à rire, et se rapprochant d’elle,
Omit de la traiter comme une demoiselle.
Sans égard pour sa peur et ses cris affolés,
Il lui prouva sitôt à quel point il l’aimait.
Elle pleura beaucoup, elle pleura tellement
Que le chat s’en voulut d’être mauvais amant.
Tout comme elle, il se mit à gémir et crier,
Se frappant le poitrail, il hurla: “-Je me hais!
Je ne mérite rien que d’offrir à vos souhaits
Le châtiment cruel que vous m’infligerez !”
Son remord était tel que son chagrin sublime.
Et la chatte, après tout, se voulut magnanime.
D’un regard méprisant elle quitta les lieux,
Laissant l’abominable puni par son aveu.
Car il n’est point de crime en ce monde commis
Que la justice seule puisse châtier ainsi.
Le remord du coupable est meilleure vengeance
Que sa mort s’il la croit entachée d’innocence.
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